Conclusions de notre exploration numérique
Les memes ayant l’avantage de faire passer des messages clairs et concis, de façon humoristique, se sont infiltrés sur l'ensemble du web. Ils sont devenus des moyens de communication extrêmement présents sur les réseaux sociaux. Lors de cette exploration numérique, nous nous sommes penchés sur les memes diffusés sur Facebook. Que ce soit dans les groupes privés ou sur les pages publiques, ces derniers sont omniprésents sur cette plateforme.
Facebook a vu naître, il y a environ 3 ans, les groupes de « Neurchis », où les memes s'y retrouvent au centre. Au sein de ces communautés en ligne, une véritable culture interne se met en place. Les références, qu’elles soient linguistiques ou visuelles, ne peuvent en général être comprises que par les membres du groupe. Seuls les initiés peuvent décrypter le contenu des memes, que l'on peut donc qualifier d'élitiste et de fermé. Cela contribue au sentiment d’appartenance.
Le réseau social Facebook se prête particulièrement bien à ces groupes de memes car il permet de créer des groupes fermés et administrés. Les règles d'adhésion et de modération érigent d'autres barrières à l'entrée et à l'intégration. Les formulaires d'adhésion montrent clairement qu'il est nécessaire de partager un même état d'esprit avec les autres membres du groupe pour pouvoir espérer s'y intégrer. De plus on observe que les profils socio-démographiques et psychographiques des membres de ces groupes sont souvent similaires - les effets de club et d'entre-soi s'en trouvent accentués. Cette homogénéité permet aux membres de partager des références et des codes communs, ce qui accentue leur sentiment d'appartenir à la communauté de tel ou tel groupe Facebook.
Alors que Facebook a pendant longtemps été délaissé par les jeunes, les Neurchis ont permis de ramener un vent de fraîcheur et d’humour sur le réseau social. Facebook est-il enfin redevenu drôle ?
Bibliographie
- Bauckhage Christian, « Insights into Internet Memes », 2011, AAAI Publications
- Bonenfant Maude, « Le mème numérique : étude sémiotique des réseaux à partir des concepts de trace et d’indice », 2014, Communiquer, Revue de communication sociale et publique, p. 27-42
- Dawkins Richard, « The selfish gene », 1976, Oxford, Oxford University Press
- Renaud Clément, « Les memes Internet : Dynamiques d’énonciations sur le réseau social chinois Sina Weibo », 2016, De Boeck Supérieur, n°73, p. 27-42
- Schiffman Harold, « Linguistic Culture and Language Policy », 1996, Routledge
Bibliographie secondaire
- Bourdieu Pierre, Darbel Alain, « L’amour de l’art », 1966, Paris, Éditions de Minuit
- de Certeau Michel, « L’invention du quotidien », 1990, Paris, Gallimard
- Eco Umberto, « Lector in fabula (trad.) », 1985, Paris, Grasset
- Heilbrunn Benoît, « La consommation et ses sociologies », 2005, Paris, Armand Colin
- Jauss Hans Robert, « Pour une esthétique de la réception », 1978, Paris, Gallimard
- Passeron Jean-Claude, « La culture du pauvre (trad.) », 1970, Paris, Éditions de Minuit